La valeur de la preuve (Table ronde Produrable 2024)

24 octobre 2024

Dans un monde où les attentes sociétales et environnementales évoluent rapidement, l’entreprise n’a plus le choix. Elle doit prouver son engagement non seulement par des paroles, mais par des actes concrets et mesurables.

Lors de la table ronde « La Valeur de la Preuve », cinq leaders passionnés – Victoria Abramova, Directrice Générale de Mars Wrigley France, Franck Amalric, Sponsor du Domaine d’Excellence Sustainability de Square Management, Nathalie Pessel, Responsable du pôle programmes du Pacte Mondial de l’ONU – Réseau France, Sandrine Raffin, Présidente et Fondatrice de LinkUp et Nathalie Boyer, Déléguée Générale d’OREE – ont partagé leur vision d’un avenir où l’entreprise ne se contente plus d’exister : elle devient un levier de transformation.

Une nouvelle ère de responsabilité

 Il ne s’agit plus de répondre uniquement aux réglementations ou aux attentes des actionnaires. Il s’agit de réécrire l’histoire du business, de redéfinir la notion même de succès. Comme le souligne Victoria Abramova, directrice générale de Mars Wrigley France : « Le monde que nous voulons demain dépend de la façon dont on agit aujourd’hui. On ne réagit pas en trimestre, mais en génération. » Cette phrase résonne comme un appel, un défi lancé aux dirigeants d’entreprise : ne plus penser seulement en termes de performance financière à court terme, mais en termes d’impact sur la planète, les communautés et les générations futures. Nathalie Pessel, Responsable du pôle programmes du Pacte Mondial de l’ONU, déclare qu’il s’agit désormais d’un engagement à l’échelle mondiale. Un mouvement qui transcende les frontières pour un impact collectif où l’engagement est au cœur de la stratégie de l’entreprise, mettant fin à l’ère où les grandes déclarations se suffisaient à elles-mêmes.

Des actions mesurables et une transparence radicale

Mais comment mesurer l’impact réel des entreprises sur la transition écologique ? C’est la question que pose Franck Amalric, sponsor du domaine d’excellence Sustainability chez Square Management : « Ce qu’on veut démontrer, c’est la manière dont les entreprises se positionnent par rapport à la transition écologique. » En d’autres termes, il ne s’agit plus de communiquer sur des promesses lointaines, mais de démontrer par des preuves tangibles l’impact des décisions prises.

Pour autant, cela pose clairement des défis. L’impact écologique est souvent complexe à cerner, et parfois contre-intuitif. Une solution vue comme positive (utiliser les résidus céréaliers de la production, initialement utilisés pour nourrir le bétail) peut paradoxalement aggraver les émissions de carbone, à travers l’achat accru de soja par les agriculteurs par exemple. Chaque action compte, mais encore faut-il en mesurer toutes les dimensions. La solution ? Une approche de double matérialité : comprendre non seulement l’impact direct des activités de l’entreprise, mais aussi intégrer les points de vue de toutes les parties prenantes, afin de s’assurer que les décisions sont éclairées et pertinentes. Nathalie Boyer, déléguée générale d’OREE, rappelle que l’entreprise ne peut agir seule. « Les entreprises doivent s’inscrire dans une démarche collective », explique-t-elle, soulignant l’importance des partenariats avec les parties prenantes locales pour maximiser l’impact de leurs actions.

 

L’obligatoire exercice d’une communication d’engagement claire, sincère et transparente

Sandrine Raffin, présidente fondatrice de LinkUp, met un point d’honneur à souligner l’importance d’une communication claire, sincère et transparente : « Sans une communication bien pensée, il n’y a pas de démarche de progrès. » La communication est un levier essentiel pour mobiliser, inspirer et fédérer autour des enjeux RSE. « Rendre les initiatives lisibles et appropriables », c’est offrir à chacun, depuis les collaborateurs jusqu’aux consommateurs, les moyens de comprendre, s’approprier et amplifier les actions entreprises. La crédibilité de cette communication repose sur la transparence. « La valeur de la preuve, c’est expliquer les chiffres, pourquoi 90 % et pas encore 100 %, qu’est-ce qui n’a pas marché. » L’honnêteté dans la communication, loin d’être une faiblesse, devient alors une véritable force car elle permet de mettre en lumière la complexité du progrès, les obstacles qui se présentant et les ajustements qui sont nécessaires.

Il s’agit donc d’un exercice complexe, où la vigilance est en particulier de mise dans le choix des mots employés. Le langage, souvent technique, qui entoure les engagements en matière de durabilité peut être une arme à double tranchant. Gare à l’usage imprécis de termes comme « neutralité carbone », qui peut prêter à confusion… La carté est le maître mot car, au-delà des termes, il y a une promesse. Et chaque promesse non tenue ternit la confiance que l’on cherche à bâtir.