Dans le cadre de la Journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre, des professionnels plaident, dans une tribune au « Monde », pour une prévention dès le plus jeune âge de l’obésité et de la sédentarité.
Des enquêtes l’ont montré, la majorité (83 %) des patients atteints de Covid-19 hospitalisés en réanimation sont en surpoids ou obèses ; le développement et la gravité de la maladie sont marqués par des inégalités sociales.
Ce constat ne surprend pas nos confrères médecins, ils savent que les personnes obèses ont six fois plus de risques de développer, par exemple, un diabète de type 2 et que ces problématiques touchent plus fréquemment les personnes issues de milieux défavorisés.
Ils savent aussi que 40 % des adultes obèses l’étaient déjà à l’adolescence et qu’un enfant obèse, à 10 ans, a 80 % de risques de l’être encore à l’âge adulte ! Sait-on, en revanche, qu’un enfant d’ouvriers a aujourd’hui quatre fois plus de risques d’être obèse qu’un enfant de cadres ?
Dix fois plus d’enfants obèses qu’en 1980
Et même si on parle de stabilité de la progression du surpoids et de l’obésité chez l’enfant, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt des inégalités. La prévalence du surpoids et de l’obésité continue de progresser chez les enfants d’ouvriers, avec une hausse de 8 % entre 2009 et 2017, et un différentiel de 10 points versus les enfants de cadres chez qui l’obésité et le surpoids stagnent, voire régressent. Au niveau mondial, la situation est encore plus dramatique : selon des chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 6,7 % des enfants sont obèses, le nombre des enfants et des adolescents obèses ayant été multiplié par dix au cours des quatre dernières décennies.
Allons-nous continuer à ne rien faire face à la catastrophe que ces chiffres nous prédisent à terme ? Allons-nous continuer d’orienter nos systèmes de santé sur le curatif alors que favoriser une vie en meilleure forme pour tous, grâce à la prévention, est reconnu comme un élément déterminant de la résistance à bon nombre de maladies, chroniques ou virales ?
Aussi, dans le cadre de la Journée internationale des droits de l’enfant, le vendredi 20 novembre, nous lançons un cri d’alarme : stop aux inégalités de santé dès l’enfance, qui sont évitables, car liées à des modes de vie favorisant le surpoids, l’obésité et la sédentarité. Stop au manque d’ambition en prévention santé.
Face à une situation d’urgence, nous devons mettre fin à un immobilisme aux conséquences prévisibles à moyen ou long terme. Et ce, d’autant plus que l’on a démontré que l’on peut agir efficacement auprès des enfants pour favoriser l’acquisition de bonnes pratiques alimentaires, d’activité physique ou de sommeil et ainsi prévenir le surpoids et l’obésité infantile.
En effet, dans le cadre du programme Vivons en forme (VIF), nous avons prouvé que l’action de longue haleine est réellement efficace lorsqu’elle est coordonnée au niveau local et s’attache plus particulièrement à cibler les difficultés rencontrées par les familles modestes. En quatre ans, les résultats obtenus dans une étude longitudinale sur plus de 800 enfants sont spectaculaires : une amélioration du statut pondéral chez 50 % des enfants en surpoids ou obèses, suivis dans quatre villes adhérentes au programme. C’est un résultat inédit, jamais constaté, obtenu avec des moyens accessibles à toutes les villes, pour peu que l’on mette à leur disposition les équipes capables de former leurs personnels et d’agir de manière transversale.
Nos actions, dans le cadre de VIF, sont principalement axées sur une alimentation équilibrée, diversifiée, abordable et conviviale au niveau familial ; la pratique d’activités physiques régulières pour tous, intégrées dans le quotidien ; le sommeil et le bien-être ; un environnement local stimulant l’intégration des bonnes pratiques.
L’efficacité de la prévention
Même si Vivons en Forme est sans équivalent par son envergure, son action prolongée et ses résultats, trois autres initiatives menées en France témoignent également de l’intérêt du déploiement d’actions préventives :
Aussi, nous en appelons solennellement à tous les acteurs concernés par la prévention santé et aux pouvoirs publics : agissons maintenant pour préparer demain, ne laissons pas des générations d’enfants vivre ce handicap du surpoids et de l’obésité toute leur vie, alors que l’on sait quand et comment agir efficacement pour le prévenir.
Thibault Deschamps, président de l’association FLVS-VIF.
Dr Odile Vérier-Mine, endocrinologue et diabétologue.
par Collectif
La version originale de cet article a été publiée sur Le Monde.